La théorie dynamique
des 8 fonctions cognitives

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Nous allons nous intéresser ici aux grandes lois qui régissent l'organisation et le développement de la psyché.

 Principes de différenciation et d'émergence

Principe de différenciation : les quatre fonctions, Sensation, iNtuition, Pensée, Sentiment, tiennent dans la psyché de chacun une place et rôle clairement différenciés qui créent des dynamiques spécifiques. (1)

Principe d'émergence : la différenciation des fonctions s'opère au cours d'étapes successives.(1)

Jung, Briggs et Myers ont donc identifié les 8 fonctions dominantes, mais ils ont aussi noté qu'un individu – avec sa Dominante – utilisait toutes les autres fonctions, mais que celles-ci se développent à des rythmes différents, ces rythmes étant propres à chaque type.

L'idée est que, même si l'orientation énergétique (introversion ou extraversion) de notre type est innée, son organisation se réalise au fur et à mesure de notre développement. La structuration de notre type s'effectue en fait autour des fonctions cérébrales, c'est-à-dire la fonction Perception (collecte des données) et la fonction Jugement (traitement des données). C'est pourquoi, dans chaque type, c'est avec la dernière lettre (P ou J), qui indique notre orientation comportementale, que nous pourrons découvrir quel a été l'ordre du développement de nos préférences de fonctionnement mental (ce sont les deux lettres du milieu – ST, SF, NT, NF – du type MBTI).

Dans chaque type la fonction qui se développe en premier, ou au plus tôt, est appelée Dominante. La Dominante est la fonction qui est « aux commandes » de notre personnalité. Tout comme dans une voiture, il ne pourrait y avoir deux conducteurs, sous peine de graves problèmes... C'est aussi la plus solide puisque, ayant commencé la première à se développer, elle continue, comme les autres, à le faire tout au long de notre vie. Elle est par conséquent déterminante de bien des choses chez nous. En particulier, c'est la fonction mentale que nous allons utiliser dans le monde qui nous est le plus accessible, donc celui où nous puisons notre énergie. Ainsi un Extraverti, qui trouve son énergie dans l'environnement, utilisera et extériorisera sa fonction dominante dans son monde extérieur c'est-à-dire dans son milieu, dans son entourage. Au contraire, un Introverti utilisera mais n'extériorisera pas (et pour cause...) sa fonction dominante dans son monde intérieur c'est-à-dire dans ses pensées, dans ses réflexions, ses états d'âme.

Un peu plus tard – mais tout de même très tôt dans notre vie (dès l'enfance donc) – commence à se développer la fonction Auxiliaire. Celle-ci est appelée « auxiliaire » plutôt que deuxième ou seconde, parce que précisément elle vient seconder, servir d'auxiliaire à la Dominante, et ce sera dans le monde qui est moins familier au type. Donc, chez un Extraverti, l'Auxiliaire sera vécue dans le monde intérieur et sera par conséquent introvertie. Au contraire, chez l'Introverti, l'Auxiliaire sera vécue dans le monde extérieur et sera par conséquent extravertie. Cette Auxiliaire servira son type dans l'autre fonction mentale en polarité avec la fonction Dominante.

Par conséquent, chez l'Extraverti la Dominante sera extravertie et l'Auxiliaire introvertie. Au contraire, chez l'Introverti la Dominante sera introvertie et l'Auxiliaire extravertie. Cela signifie que chez un Extraverti la Dominante est assez visible, assez observable, tandis que chez un Introverti c'est l'Auxiliaire qui l'est. On note par ailleurs que face à 8 fonctions Dominantes, on a donc deux possibilités à chaque fois pour l'Auxiliaire : on retrouve donc bien les 16 types !

Les deux fonctions sont indispensables à la personnalité; elles se complètent, se combinent et s'équilibrent. Elles jouent dans une polarité verticale. Quand la fonction Dominante est en Perception, la fonction Auxiliaire est nécessairement en Jugement et vice versa.

Pour les deux autres fonctions, la troisième dite Tertiaire et la quatrième dite Inférieure s'équilibrent comme le font Dominante et Auxiliaire, en jouant dans deux mondes différents. Le principe est que si l'Auxiliaire s'exprime dans le monde intérieur (chez les Extravertis), la Tertiaire sera agissante dans le monde extérieur et l'Inférieure dans le monde intérieur. Au contraire, si l'Auxiliaire s'exprime dans le monde extérieur (chez les Introvertis), la Tertiaire sera agissante dans le monde intérieur et l'Inférieure dans le monde extérieur.

De plus, la Tertiaire se situe dans la même fonction mentale que l'Auxiliaire mais bien sûr en opposé (en polarité), alors que l'Inférieure se trouve dans la même fonction que la Dominante mais également en opposé. Ainsi si la Dominante est en Perception, l'Inférieure l'est aussi. Par exemple puisque la Dominante d'un INTP est en Jugement et est T, son Inférieure est fatalement aussi en Jugement et est donc F.

La Tertiaire et plus encore l'Inférieure correspondent aux parties les moins développées de notre personnalité, D'abord, parce qu'elles se développent plus tard (adolescence et début de l'âge adulte). C'est « l'ombre » de la personnalité, la face cachée surtout à nos propre yeux. Certains auteurs prétendent même que, chez beaucoup de gens, l'Inférieure ne parvient probablement pas à se développer, du moins pas suffisamment pour leur être utile.

Par voie de conséquence, l'Inférieure est la fonction dans laquelle nous sommes les plus mal habiles. C'est donc la fonction dont l'exercice lent et mal maîtrisé peut nous attirer des ennuis, en particulier dans nos relations avec autrui. Elle est aussi très susceptible, et peut donc générer de violentes réactions émotionnelles.

Le drame est que nous pouvons « mal » utiliser cette fonction, soit parce que nous l'ignorons soit au contraire parce que nous voulons trop ne pas l'oublier. Par exemple un ENFP risque en principe d'être mal habile dans sa fonction inférieure S tout simplement parce qu'il n'a pas conscience de sa faiblesse dans le recueil des données par les sens. Mais il peut l'être aussi parce que, attentif à cette carence, il met trop d'emphase à la combler et cherche trop des sensations dont en principes il n'a pas besoin... C'est le paradoxe de chaque type mais aussi ce qui fait sa richesse.

C'est pourtant aussi la voie royale de l'inconscient créatif, la plus grande source de développement personnel – car que développer sinon un embryon aux potentialités inexploitées ?

 Principe d'individuation – le chemin du serpent

serpent

Principe d'individuation : l'homme en développement tend à devenir une unité autonome. Pour ce faire, il doit avoir une certaine maîtrise de chacune de ses fonctions.(1)

L'individuation, point central chez Jung, est « le processus par lequel un être devient un individu psychologique, c’est-à-dire une unité autonome et indivisible, une totalité ». C. G. Jung (Ma vie, p. 457). Chemin de la conscience et de la liberté, c'est l'exigence se faisant valoir à l'homme, lorsqu'il a établi sa place dans le monde : celle d'être vraiment lui-même, être ce qu'il est, tout ce qu'il est, et seulement ce qu'il est. Mais c'est une façon de reconnaître l'inconscient et de « faire avec », et non pas un état stable, optimal, terminal, une fin où se dire « ça y est, j'ai terminé !».

Ainsi, l'individu se libère progressivement des fardeaux qui le pilotent malgré lui et qui l'empêchent d'être totalement responsable de ses actes dans certaines situations. Cette démarche d'individuation est un processus pouvant être long qui passe par différentes phases. Elles dépendent des contenus inconscients avec lesquels il a affaire : la persona qui représente l'identification de la personne avec son rôle dans la société, l'ombre qui contient tout ce que la personne juge moralement répréhensible, l'anima (pour les hommes), ou l'animus (pour les femmes), qui représentent respectivement les valeurs féminines et masculines.

C'est, au plan psychique, l'équivalent de ce qui, au plan physiologique, fait que l'œuf fécondé va se diviser et se différencier pour donner un bébé humain avec une peau, des os, du sang, un système nerveux. Tout cela était déjà à l'état potentiel dans l'œuf fécondé. C'est la réalisation du programme génétique propre à l'espèce humaine qui fait que cet œuf fécondé ne deviendra pas un pommier ou une vache, mais un être humain. Le processus d'individuation serait lui aussi un programme de développement et de différenciation qui passe par des étapes prédéterminées pour aboutir à un psychisme humain.

« L'individuation, ce n'est pas rejeter tout ce qui vient du dehors, c'est le recevoir, le digérer, l'intégrer, le faire sien tout en préservant sa propre individualité. L'individuation, c'est faire vivre harmonieusement tout ce qui nous constitue, tout ce qui nous vient de l'inconscient personnel, familial, collectif, réunir nos deux pôles féminin et masculin, notre persona et notre ombre, notre esprit, notre cœur et notre corps. l'individuation, c'est marier en soi l'héritage familial, social, religieux et ce qui nous appartient en propre, ce qui fait que nous sommes un individu différent de l'autre, ce quelque chose qui nous fait unique. » - Roland Cahen

Le processus peut être inconscient, il « ne signifie ni plus ni moins que la transformation d'un gland en chêne, d'un veau en vache et d'un enfant en adulte ». C.G. Jung, Réponse à Job. Mais il peut aussi être conscient par :

Après ces développements complexes, on peut représenter plus visuellement les quatre fonctions en considérant qu'il existe deux axes :

La Dominante sera placée tout en haut : c'est la première des fonctions par ordre d'apparition (enfance), de priorité d'utilisation et de maîtrise consciente. Elle est extravertie pour les Extravertis et introvertie pour les Introvertis

L'Auxiliaire, à gauche : elle équilibre la Dominante à l'adolescence par nature de fonction mentale et par orientation de l'énergie

La Tertiaire, à droite : activée au début de l'âge adulte, elle est le pôle opposé de l'Auxiliaire sur la même nature de fonction, avec une orientation opposée.

L'Inférieure, en bas : particulièrement activée à la mi-vie, elle est le pôle opposé de la Dominante sur la même nature de fonction avec une orientation opposée. Elle est tout à la fois : la fonction la plus difficile, source de nos erreurs, de nos susceptibilités, de nos projections mais c'est aussi le réservoir de l'inconscient créatif et le potentiel de notre développement

Le schéma de développement des fonctions forme donc « le chemin du serpent » ; il correspond au développement passé mais aussi à la voie pour le développement futur :

le chemin du serpent

Présentons par exemple ici les fonctions de l'INTP :

Les fonctions de l'INTP

 En pratique...

Pour retrouver facilement les 2 premières fonctions (les 2 dernières sont les opposées !), on procède ainsi :

Dans notre exemple, on retrouve bien la configuration du graphique du chemin du serpent.

Essayons sur d'autres exemples :

donc on a l'ordre des fonctions Ne / Fi / Te / Si

donc on a l'ordre des fonctions Te / Si / Ne / Fi

donc on a l'ordre des fonctions Fi / Ne / Si / Te

donc on a l'ordre des fonctions Si / Te / Fi / Ne

 Les fonctions des 16 types

dynamique des 16 types MBTI

 Expression de la fonction inférieure

 La Sensation S

 L'iNtuition N

 La Pensée T

 Le Sentiment F

(1) D'après l'excellent Les types de personnalité de P. Cauvin et G. Cailloux, ESF Éditeur

Suite : Les tempéraments

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